L'actualité de K-124 Performance - Vincent Hermance.

Coaching : Franck Martini.

"YOU'LL NEVER TRAIN ALONE!"

Le suivi coaching de

VINCE HERMANCE

Top rider KOXX

ITV Franck Martini

Franck Martini vient d’intégrer l’équipe de K-124 en tant que conseiller sportif et gère actuellement la progression de Vincent Hermance, l’actuel n°2 mondial UCI. Nous avons souhaité en connaître davantage sur l’approche et les objectifs de ce coach formé hors du sérail, au CV plutôt solide et à l’expérience internationale multisports.

Il était intéressant d'avoir en deux mots, une idée générale de la restructuration des activités sportives de K-124 pour les profanes, de ses rapports avec les athlètes entraînés, et de sa vision actuelle de la progression sportive...

DS: Franck, peux-tu te présenter en quelques mots ?

FM: "Dans le trial, puisque c'est ce qui nous intéresse, j’ai coaché Gilles Coustellier l’an passé pour son défi dans la conquête de tous les titres possibles. Avec réussite. Avant je ne connaissais rien au trial, mais j’adorais ça, surtout en moto. Je suis resté un nostalgique des Bultaco, Montesa et Yamaha TY d’antan, même la 50cc ! Pour le CV, ceux que cela intéressent peuvent aller sur Google en tapant "coachglobal". Mais sur un vélo, je l’avoue humblement, je suis une bille totale ! Par contre, je pense être très fort dans le coaching, l’observation, l’analyse et la construction d’hypothèses de travail en préparation physique et mentale. Bref, ce qui rend les gens meilleurs quoi…".

DS: Quel est aujourd’hui ta fonction au sein de la marque K-124 ?

FM: "J’ai un contrat avec Dominique Hermance en tant que conseiller sportif pour K-124 avec possibilité pour la marque d’utiliser mon image. Au regard de mes résultats obtenus, il lui a semblé très judicieux que nous collaborions ensemble. J’ai trouvé cette approche très professionnelle, et forcément séduisante. J'ai vite compris que c'était un homme qui s'engageait en calculant les risques, mais qui surtout cherchait à anticiper sur le futur de la discipline.

Dominique m’a également proposé de gérer ce que l’on appelle la « K-124 Akademy », et qui va se transformer en « K-124 Performance » afin qu’il n’y ait plus d’ambigüité avec d’autres organisations. J’ai négocié l’accord avec un seul pilote pour cette fin d’année (Vincent Hermance) afin de bien établir le fonctionnement : je tiens toutes les infos à jour sur le blog http://K-124performance.blogspot.com. En parallèle, je travaille au format de stages qui seront proposés au sein de K-124 Performance en direction des pilotes désireux d’expérimenter une approche différente de l’entraînement. Si cela doit se faire, les autres activités au sein de K-124 Performance feront l’objet d’accords annexes avec Dominique".

DS: Tu suis donc sportivement Vincent Hermance au sein de K-124 Performance, qui est, comme chacun le sait, le fils du Boss de K-124?

FM:"Exact. Mais ce sont deux contrats complètement différents. Vincent m’a proposé de le suivre indépendamment de K-124. Je sais qu’il ne tient pas à être un pilote protégé. Un fils à papa. Et il ne l’est pas. Quand il vient sur Istres, il dort dans son camion, à la dure. Pas d'hôtel, pas de restau. Mon travail lui coûte beaucoup personnellement et pour ma part je m’organise en fonction de ses objectifs qui priment sur ceux des autres athlètes que j’ai en contrat dans d’autres disciplines. Par contre une des clauses de notre accord que j’ai accepté, m’interdit d’exploiter mes compétences dans le suivi permanent contractuel d’un autre pilote. C’est donc une initiative personnelle et une volonté de structurer sa progression qui fait qu’il bénéficie aujourd’hui d’un suivi solide depuis mi-juin 2009 et non la volonté de son père de le protéger : ce à quoi je n’aurais jamais adhéré d’ailleurs ! Ensuite Vincent réalise un travail monstrueux d’essais et de réglages dont bénéficient les autres pilotes, dont ses directs concurrents. Quand le Sky sort, c’est Vincent qui a fait sur le terrain le plus gros du boulot de conception et de suivi, au lieu de s’entraîner. Faut le savoir ça…".



DS: Quéprouves-tu aujourd’hui à entraîner un adversaire de Gilles Coustellier que tu as suivi près de 14 mois l’an passé ?

FM: "Eh bien c’est un peu bizarre. J’essaie de faire abstraction. Quant nous nous sommes séparés après avoir tout remporté, j’avais bouclé la parenthèse trial comme la fin d’un concours de circonstances, en me recentrant sur d’autres sports. Mais plusieurs pilotes étrangers m’ont fait des propositions que l’on a négocié longuement. Et puis Vince a posé la sienne. Elle était la plus solide et elle se projetait dans la durée. Tout gagner c’est bien, mais on en fait quoi après ? Par exemple, je suis en contrat avec un recordman du monde qui croule actuellement sous les propositions, alors que le trial, lui, est oublié ! Le plus gros boulot est à faire après les titres : c’est aussi sur cela que l’on s’est quitté avec Gilles. Mais il faut bien comprendre le contexte sportif pour K-124 : Gilles est le tout dernier adversaire pour Vincent Hermance ! Ils font partie du même team, ils courent sous les mêmes couleurs. Il y a tous les autres à battre avant Gilles ! Après, sportivement, si Vincent peut prendre le meilleur, c’est le sport. S’il pousse Gilles à donner le meilleur : tant mieux pour le sport. Mais il n’est pas question que l’un mette l’autre en difficulté pour moi. Lorsque Vincent s’intercale entre Gilles et Kenny en Coupe du Monde, c’est génial car ça donne plus de liberté au pilote qui est devant pour s’exprimer ensuite. Lorsque Vince met la barre haut au premier tour d’une compétition et que Gilles s’arrache pour passer au-dessus, c’est le sport. Tout le monde y gagne, et surtout le spectacle!"

DS: Vincent a pourtant l’air de s’étalonner régulièrement par rapport à Gilles comme vis à vis d’un adversaire?

FM: (Rires) "Ce n’est pas faux, mais c’est parce c'est la meilleure méthode pour identifier ses caractéristiques, et surtout parce que Gilles est ce qui se fait de mieux actuellement en trial ! Y a pas photo. Auprès de qui veux-tu donc qu’il s’étalonne aujourd’hui ? Je suis bien placé pour en parler, je l’ai regardé rouler une année entière ! J’ai participé au fait qu’il soit devenu un excellent compétiteur. Cela a été une belle expérience, mais je suis coach : quand on tourne la page, il faut trouver le souffle de faire autre chose d’au moins aussi motivant. Refaire la même chose avec un autre pilote est un super défi qui me passionne. Vincent est différent, et tout dans l’approche est alors différent. C'est pour ça que je ne compare pas. On ne peut pas décalquer une année d’entraînement avec un autre pilote. C’est impossible, et idiot. D’ailleurs je n’ai jamais compris comment on pouvait donner des plans d’entraînement préparés à l’avance, sur le même moule que ceux donnés à d’autres. C’est une ineptie. Il faut reconstruire quelque chose de nouveau. Et qui fonctionne. Ça demande des neurones et du souffle. C’est dans cela que je m’investis notamment en ce moment. Et comme toujours, je vais tout faire pour y arriver".

DS: Quels sont les délais pour obtenir des résultats ?

FM:"Lorsque j’ai signé avec Vincent je lui ai dit que j’avais besoin de six mois pleins au minimum (sans les compétitions au milieu !). Au début de la prochaine année sportive, je devrais atteindre mon objectif avec lui. La saison 2010 devrait être terrible pour les autres. C’est ce que j’espère. Que Gilles et Vince montent la barre et creusent l’écart".

DS: Et si Vince passe devant ?

FM: "C’est le sport. Et c’est ce que l’on va rechercher. Il ne faut pas se voiler la face. Vince a appelé Gilles avant de signer avec moi. Pour que les choses soient claires. Cela n'a posé aucune difficulté. Donc je suis là pour aider Vince à exploiter au maximum son potentiel... Et comment l’exprimer mieux qu’en dominant les autres ? C'est la loi du sport : celle que l'on accepte tous et qui fait que l'on est là.

Mais faut pas se prendre la tête plus que ça. La roue tourne pour tout le monde. Et chacun a sa part de soleil, à un moment ou à un autre, s’il y met le prix.

Ca viendra, c’est certain.

Je pense surtout qu’il y a assez de boulot pour faire reconnaître la discipline au niveau sportif, médiatique et commercial pour ne pas tomber dans les paranoïas stériles qui ne sont plus de ce temps. Quant on est bon, en est devant. Point. Les meilleurs entrent dans l’histoire de la discipline, chacun en apportant sa pierre. Gilles a ouvert des « portes techniques » que l’on exploite tous maintenant.

A lui de garder son avance le plus longtemps possible…"

Interview réalisée par Didier Sdringola.